Amos 8,4-7
Ps 112(113)
1Timothée 2,1-8
Luc 16,1-13

Qui est notre vrai maître ?
Frères et sœurs, les textes de ce dimanche, nous invitent à méditer sur notre rapport aux biens matériels, qui peuvent nous asservir au point de devenir des idoles dans nos vies, si nous ne faisons pas attention.
Dans la 1ère lecture, le prophète Amos dénonce les magouilles des riches et des commerçants de son temps, pour s'enrichir davantage au détriment des autres, surtout des tous petits. Il constate que la richesse du pays, qui vit alors une période de prospérité, ne bénéficient qu'à une petite catégorie de personnes privilégiées, alors que la grande masse, constituée des pauvres, broie du noir, au point où ces derniers, n'ayant plus d'autres solutions, pour ne pas mourir de faim et de froid, vont se vendre comme des esclaves. D'où cette phrase qu'il relève dans la bouche des riches : «Nous pouvons acheter le faible pour un peu d'argent, le malheureux pour une paire de sandales» (Am 8,6). Aussi le pauvre, a beau se plaindre en justice pour des injustices dont il est victime, il n'a jamais gain de cause. Amos dira pour cela : «Ils changent le droit en poison et traînent la justice à terre». Au regard de cet état de choses, il annonce le jugement de Dieu : «Le Sgr le jure par la fierté d'Israël ; jamais je n'oublierai aucun de leurs méfaits» (Am 8,7).

Frères et sœurs, on constate avec effarement que tout ce que le prophète a dénoncé en son temps, au 8e s av JC, nous le vivons aujourd'hui. En effet, nous sommes dans un monde où les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres, à cause de l'hyper capitalisation de l'économie et ses corollairs. La justice est corrompue, le pauvre ne peut avoir gain de cause, il n'a ni les moyens pour soutenir ou intenter un procès en justice, car les riches amadouent et achètent cette justice. Dans nos marchés, il y a toujours des commerçants véreux qui manipulent les prix pour leur profit. Alors comme en son temps, il y a des Amos aujourd'hui qui nous avertissent qu'il y a le jugement de Dieu, car il ne va pas oublier tous les méfaits que cette caste d'oligarques cause au plus grand nombre. N'est-il pas urgent de retrouver le vrai sens de notre vie, d'avoir un peu de crainte de Dieu et même de considération pour le prochain, surtout le plus en difficulté?
Jésus dans l'évangile est clair, on ne peut servir deux maîtres ; on ne peut pas servir à fois Dieu et l'argent (Lc 16,13). Alors il y a un choix à faire. En faisant chacun son propre examen de conscience, posons-nous cette question : Qui ou quoi est mon vrai maître aujourd'hui qui guide mes choix, qui façonne mon comportement ? Quelque soit notre réponse, la vérité de cette vie est qu'il n'y a qu'un seul Dieu qui finit toujours par nous rappeler que c'est lui le vrai maître. Retenons-le encore bien, l'argent tant qu'il reste à sa place, comme moyen pour notre vie, et non comme une fin, ne sera jamais un problème pour personne. Mais dès lors qu'on devient obsédé par l'envie d'en gagner et d'en accumuler par tous les prix, on devient vite son esclave. Malheureusement, le constat que nous faisons de nos jours, est que l'argent est devenu le vrai maître du monde, car nous le voyons bien, peu de gens ont encore le temps pour Dieu. La preuve, le dimanche, jour du Sgr, est devenu un jour banal, où l'on préfère s'investir dans d'autres activités qu'aller louer et rendre grâce au Seigneur.
Chers frères et sœurs, Jésus aujourd'hui attire notre attention sur le caractère malhonnête de l'argent. Il est malhonnête parce que trompeur, et ceci pour deux raisons : d'abord parce qu'il nous fait croire qu'il nous assurera le bonheur pour toujours, or c'est un gros mensonge, car il viendra un jour où il nous faudra tout laisser. Ensuite il est aussi trompeur quand nous croyons qu'il nous appartient à nous tout seul. Jésus nous invite à retenir une chose : les biens de cette terre, nous n'en sommes pas des propriétaires, mais des intendants. Et comme tel, Dieu nous fait confiance pour que nous sachions en faire un bon usage. Et un jour, il nous demandera des comptes.
C'est dans ce sens que nous pouvons bien comprendre la parabole de cet intendant menacé de licenciement et qui fait une dernière fois des cadeaux avec l'argent de son patron, pour se faire des amis qui le lui rendront plus tard. Il est parfaitement malhonnête, et sans cautionner ce genre de comportement, Jésus loue seulement sa capacité à trouver des solutions pour assurer son avenir. Et Jésus note que, les fils des ténèbres sont plus habiles que les fils de lumière, que nous sommes. Jésus nous demande donc de mobiliser aussi notre intelligence pour trouver des idées ingénieuses pour le salut de nos âmes, qui est l'objectif primordial de notre vie. Du genre, comment faire pour mieux aimer, mieux servir les autres. Que le Sgr nous aide à être des bons intendants et à choisir toujours Dieu comme notre vrai Maître. Un très bon dimanche dans le Christ Jésus notre Seigneur.
Padre Armand, sac!
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